Savoir rebondir : terreau d’un renouveau et d’innovation : bienvenue à l’Oasis de Poul’Art
💠Certaines histoires marquent par leur intensité, d'autres par leur résilience.
Celle de Sophie et Laurent est un peu des deux. Après s’être consacrés à la construction du Hameau des Buis en Ardèche pendant presque 20 ans, un conflit au sein du collectif prend de l’ampleur. Les tensions deviennent telles qu’ils doivent quitter le lieu en 2018. Ce départ, qu’ils n’ont pas choisi, marque la fin d’un chapitre…
💠Pour pouvoir tourner la page, ils ont voulu comprendre ce qui s’était passé :
Ils ont fait appel à des spécialistes, ont pris du recul, et ont choisi de documenter leur démarche. Le résultat : Démasquer les mécanismes de la violence, une série de contenus disponibles en ligne.
Un partage rare, à la fois puissant et vulnérable, où ils osent mettre en lumière ce que beaucoup préfèrent passer sous silence. 🙏 Merci à eux pour ce courage de dire, d’analyser, et de transmettre.
💠 En 2021, ils commencent un nouveau chapitre à Rieumes, près de Toulouse.
Et cette fois, ils ne repartent pas vraiment de zéro. Ils emportent avec eux une expérience et surtout, une envie profonde de faire autrement. Leur nouveau terrain de jeu : l’Oasis de Poul’Art.
Dans cet article, je vous présente les activités de ce lieu en mettant à l’honneur celles qui sont pour moi les plus innovantes.
🌳 Un projet aux activités multiples et complémentaires
L’Oasis de Poul’Art, sur une trentaine d’hectares, à 30 km au sud de Toulouse, est un écosystème où cohabitent humains, animaux, forêts, prairies, ruisseaux, projets… :
Un lieu de vie : Une quinzaine d’adultes et plusieurs enfants vivent sur place, en habitats légers et réversibles (yourtes, mobil-homes…).
Un lieu d’accueil : un camping, une grande salle conviviale qui accueille stages, cours de danse, formations, concerts… bientôt un co-working.
Des activités agricoles diversifiées : pain, fromage, jus, maraîchage, bois, etc.
Des soins et pratiques de bien-être : yoga, voyages sonores, massages, naturopathie…
Bientôt une école alternative, la Ferme des Enfants, de 3 à 18 ans.
🥬 Focus sur l'ASSAP : un nouveau rapport à l'alimentation
Chaque jour, un agriculteur se suicide en France, signe d’un système alimentaire à bout de souffle. Du coté des consommateurs : près de la moitié des légumes non bio en supermarché contiennent des pesticides, parfois cancérigènes.
=> Il est urgent de changer de modèle, pour ceux qui nous nourrissent et pour notre santé.
Face à cela, l’ASSAP (Association pour une Sécurité Sociale de l’Alimentation Paysanne) propose un nouveau souffle : une autre manière de se nourrir, dans le respect des humains et du vivant.
Inspirée des AMAP et de la sécurité sociale alimentaire, l’ASSAP repose sur un principe fort : ✨ "Chacun paie selon ses moyens, chacun reçoit selon ses besoins."
Concrètement :
Une cotisation annuelle proportionnelle aux revenus et à la taille du foyer
Des légumes sans persticide à volonté, disponibles deux fois par semaine
Un engagement collectif pour garantir une rémunération juste au maraîcher
C’est Germain, le nouveau maraîcher, qui porte ce nouveau projet. L'idée est de co-construire un modèle plus résilient avec 30 foyers motivés. Ici, on ne vient pas acheter un panier de légumes, on entre dans un système solidaire : entre consommateurs mais aussi avec les producteurs.
Dans un monde incertain, prendre soin de ceux qui nous nourrissent devient un acte politique et vital. L’ASSAP participe à construire une souveraineté alimentaire locale : des aliments sains, proches, accessibles… et surtout, portés par la coopération.
🧑🏫 À la Ferme des Enfants, la coopération s’apprend dès les premiers pas
Et si l'avenir de notre planète dépendait de la façon dont nous éduquons nos enfants ?L’éducation façonne les citoyens de demain. Il est temps d’interroger nos modèles et les valeurs que nous transmettons.
Aujourd’hui, l’éducation la plus répandue continue de valoriser la soumission à l'autorité et la compétition. Ces habitudes éducatives, profondément ancrées, façonnent nos comportements adultes et nos structures sociales. Dans les collectifs que j’ai visités, j’ai pu constater à quel point il faut du temps et de la volonté pour déconstruire ces schémas. Il est non seulement possible, mais essentiel (de mon point de vue), d’explorer d’autres chemins éducatifs dès l’enfance.
La Ferme des Enfants, fondée par Sophie Rabhi-Bouquet, est un exemple inspirant de ce changement. Ici, on croit sincèrement en la capacité des enfants à coopérer, penser par eux-mêmes. L’école rejette les violences éducatives ordinaires : pas de punitions, pas de rapports de force déguisés. À la place, un cadre de confiance, de la communication non violente, la vie démocratique et l’écoute bienveillante structurent le quotidien.
L’enfant y est reconnu comme une personne à part entière, digne de respect et capable d’autonomie. Cette approche vise à faire émerger des individus libres, responsables et solidaires. Ce n’est pas seulement une méthode pédagogique, c’est une posture éducative profondément tournée vers la paix intérieure et la transformation sociale.
Le sujet vous intéresse ?
Sophie vous propose six jours pour comprendre les besoins de l’enfant, se défaire de la violence éducative ordinaire, retrouver de l’empathie pour tous, s’outiller concrètement de matériels et de processus tels que l’écoute active, la médiation, le conseil de famille ou d’école.
Pour aller plus loin, retrouver 4 modules de formation pour apprendre à comprendre l’approche Montessori (3-6 ans) ainsi que la pratique du matériel.
⚙️ Gouvernance dynamique : trouver la juste place de chacun dans les projets collectifs
De nombreuses Oasis adoptent la gouvernance partagée pour organiser la vie collective et prendre les décisions de manière horizontale et inclusive. Après plusieurs années de pratique, suite à ses apprentissages, Laurent Bouquet développe une nouvelle approche : la gouvernance dynamique.
Ici, on ne part plus du postulat que tout le monde est à égalité à tout moment. On reconnaît qu’un collectif fonctionne comme un écosystème vivant : chacun y occupe une place mouvante, en fonction de son investissement, de ses compétences, de son temps ou de son envie du moment. Certain·es sont plus proches du centre des décisions, d’autres plus à la périphérie. Il s’agit de trouver une juste place pour chacun·e, sans exclure, dans le respect des engagements et des réalités de chacun·e.
Un modèle vivant, fluide et structuré à la fois… qui attire aujourd’hui d’autres collectifs en quête d’un “faire ensemble” plus ajusté, plus humain.
👉 Pour en savoir plus : Gouvernance dynamique à Poul’Art
Cette approche me semble précieuse pour tous les groupes qui souhaitent structurer leur gouvernance sans tomber dans l’illusion de l’égalité parfaite. C’est un vrai changement de posture collective — qui demande d’oser clarifier les rôles, les degrés d’engagement, et les zones d’influence. Cela pose aussi la question de leadership (qu'on verra dans un prochain article).
Conclusion
Ce lieu m’a beaucoup touché : par la force et la détermination des membres qui le composent. Pionniers dans leurs domaines, ils ont testé et mettent en évidence les premières limites des outils de coopération, pour les améliorer et proposer quelque chose de toujours plus robuste et solidaire.
💬 Et vous ?
🔸 Qu’avez-vous appris en redémarrant, différemment ?
🔸 Quels modèles de gouvernance vous inspirent (ou vous freinent) aujourd’hui ?
J’ai hâte de vous lire. À la semaine prochaine 🌱
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En bonus, exercice solo : 🛠️Transformer un “échec” en tremplin
Objectif : Revisiter une expérience difficile ou un “échec” vécu dans un collectif (ou personnellement), pour en extraire des apprentissages et des ressources qui ouvrent vers de nouvelles pistes.
Mode d’emploi : Prends un moment calme, un carnet ou un document numérique, et réponds aux questions suivantes avec sincérité :
Quel événement ou quelle situation ai-je perçu comme un échec ou une difficulté majeure (travail, association, projet, etc.) ?
Quelles émotions et sensations ai-je ressenties à ce moment-là ?
Qu’est-ce que cette expérience m’a appris sur moi-même, sur les autres, ou sur le fonctionnement du groupe ?
Qu’est-ce qui aurait pu être fait autrement — par moi ou par le groupe — pour changer la donne ?
Quelle ressource, compétence ou valeur cette expérience m’a-t-elle permis de développer ?
Si je devais repartir de zéro avec cette expérience en poche, qu’est-ce que je ferais différemment ?
Si tu te sens prêt·e, partage une ou deux réponses dans les commentaires ou avec ton équipe pour ouvrir un dialogue collectif sur les apprentissages issus des échecs.


🌱 Dans ma newsletter Graines de coopération, je partage chaque semaine des lieux visités, des dynamiques collectives, des outils, des tensions… Parce que coopérer, ça s’apprend.
Vous vous interrogez sur la manière de renforcer la coopération et l’engagement dans votre projet ?
👉 Cette série est faite pour vous. Je veux la recevoir par mail
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